L’autisme expliqué aux non-autistes
Plongée au cœur de l’autisme : Un résumé de « L’autisme expliqué aux non-autistes »
par Brigitte Harrisson & Lise St-Charles
Et si, pour comprendre l’autisme, nous cessions de l’observer à travers notre propre lorgnette ? C’est l’invitation puissante que lancent Brigitte Harrisson et Lise St-Charles dans leur ouvrage fondamental, « L’autisme expliqué aux non-autistes ». Ce livre ne se contente pas de décrire l’autisme de l’extérieur ; il nous offre les clés pour l’appréhender de l’intérieur, en adoptant le cadre de référence d’une personne autiste. Une lecture essentielle pour quiconque souhaite véritablement comprendre cette réalité neurodéveloppementale.
Changer de perspective : La philosophie du livre
L’ambition des auteures est claire : mettre fin à la « tour de Babel » qui entoure l’autisme, où les interprétations externes et souvent erronées ont mené à des approches inadaptées. Plutôt que de voir l’autisme comme un ensemble de comportements à corriger, le livre le présente comme une condition neurodéveloppementale, une manière différente de percevoir et de traiter l’information.
« La théorie, c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c’est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique: rien ne fonctionne… et personne ne sait pourquoi! »
Cette citation illustre parfaitement le chaos que le livre cherche à déconstruire en replaçant la personne autiste, et non ses symptômes apparents, au centre des préoccupations.
Qu’est-ce que l’autisme, réellement ?
Loin des clichés, le livre nous rappelle que l’autisme n’est ni une maladie, ni un trouble affectif. C’est avant tout un état, une variation du fonctionnement cérébral.
- Une question de connexions : Le cerveau autistique n’est pas « moins bon », il fonctionne différemment. Il s’agit d’une variation dans les « câblages » neuronaux qui affecte la manière dont l’information est traitée.
- Un handicap invisible : Particulièrement dans le cas du syndrome d’Asperger, l’autisme peut passer inaperçu. De nombreuses personnes utilisent leur intelligence pour compenser et camoufler leurs difficultés sociales, menant une vie « en décalé » sans comprendre pourquoi.
- Partie de la neurodiversité : Le livre insiste sur le fait que la majorité des personnes autistes n’ont pas de déficience intellectuelle. Les considérer comme faisant partie intégrante de la diversité humaine est un premier pas crucial vers l’inclusion.
Les défis du quotidien : Quand le monde n’est pas adapté
Le livre met en lumière les malentendus constants auxquels les personnes autistes font face, dus à un décalage entre leur perception et celle des neurotypiques.
- La « cécité sociale » : La difficulté n’est pas un manque d’envie de socialiser, mais une incapacité à déchiffrer intuitivement les codes sociaux, les émotions sur un visage ou les sous-entendus.
- Le langage au pied de la lettre : Une expression comme « je me suis fendu la poire » peut être source d’une réelle anxiété, car elle est comprise dans son sens littéral. Cette naïveté sociale engendre souvent humiliation et rejet.
- Un monde sensoriel agressif : L’anxiété est une compagne quasi constante, souvent exacerbée par des stimuli que les neurotypiques filtrent sans effort (bruits, lumières vives, etc.).
Construire des ponts : Des outils pour communiquer et accompagner
Comprendre est la première étape ; accompagner est la suivante. L’ouvrage propose des pistes concrètes pour créer un environnement adapté et un langage commun.
Le Modèle SACCADE et son Langage SACCADE Conceptuel (LSC), développés par une personne autiste, sont présentés comme une révolution. Au lieu d’enseigner des comportements par imitation, cette approche vise à donner accès à l’abstraction via un langage adapté.
L’utilisation du support visuel est également fondamentale. Le cerveau autistique étant concret, une image ou un schéma sera toujours plus efficace qu’un long discours. Si une idée ne peut être mise en image, elle est probablement trop abstraite.
Enfin, le livre souligne l’importance de l’emploi. En adaptant l’environnement de travail, les qualités souvent exceptionnelles des personnes autistes (précision, honnêteté, mémoire, sens du détail) peuvent être une véritable force pour une entreprise.
Conclusion : Pour une véritable inclusion
« L’autisme expliqué aux non-autistes » est bien plus qu’un simple guide. C’est un appel à l’humilité et à l’ouverture d’esprit. En nous forçant à questionner notre propre « normalité », il nous donne les outils pour construire une société où chaque type de cerveau a sa place.
La question essentielle que pose le livre résonne longtemps après sa lecture :
« Seuls les autistes peuvent répondre à cette question parce que seuls les autistes peuvent gérer l’autisme. »
En somme, un ouvrage indispensable pour transformer notre regard et passer de la simple tolérance à une inclusion authentique et respectueuse.
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