Aider un proche en difficulté psychologique de Cyrille Bouvet
Ce guide complet de Cyrille Bouvet est destiné à l'entourage d'une personne souffrant de difficultés psychologiques, visant à identifier, comprendre et soutenir efficacement leur proche. Il offre des conseils pratiques sur la manière de prendre soin de soi en tant qu'aidant, d'adopter des attitudes de soutien adéquates, et de naviguer dans le système de soin.
Informations Générales
- Titre : Aider un proche en difficulté psychologique [1]
- Auteur : Cyrille Bouvet [1]
- Éditeur : InterEditions, une marque de Dunod Editeur [1]
- Année de publication : 2016 [1]
- ISBN : 978-2-72-961655-7 [1]
Thème Principal et Objectifs
Ce guide s’adresse à l’entourage (famille, amis, collègues, voisins) d’une personne qui se comporte de façon inhabituelle, souffre, ou est en difficulté psychologique [1]. L’auteur souligne que les difficultés psychologiques d’un proche provoquent souvent chez l’entourage des sentiments de tristesse, d’angoisse, de fatigue, d’agacement, d’agressivité, et parfois de culpabilité ou le sentiment de perdre le contrôle [2]. Les difficultés psychologiques étant irrationnelles, elles désarçonnent l’entourage [3]. Le livre vise à fournir une aide concrète, des outils, et des informations pratiques pour aider le proche de manière constructive et efficace, même sans être un professionnel [1, 4]. Il est d’autant plus pertinent que les troubles psychiques sont fréquents, touchant environ 15% de la population à un moment donné (environ 10 millions de personnes en France) [5]. L’ouvrage est structuré en trois parties pour guider le lecteur [4, 6-8].
Structure du Livre
Le livre est divisé en trois parties principales [8]:
- Partie I : Identifier, évaluer, comprendre le problème (Chapitres 1 à 4) [6, 8].
- Partie II : Évaluer l’urgence, communiquer avec lui, prendre soin de lui… et de vous aussi pour préserver votre santé et votre bien-être (Chapitres 5 à 10) [7, 9].
- Partie III : Connaître les professionnels et les comprendre pour mieux travailler avec eux (Chapitres 11 et 12) [4, 10, 11].
Concepts Clés de la Partie I : Identifier, Évaluer, Comprendre
Distinction des Problèmes Psychologiques
- Une difficulté devient un problème quand les moyens habituels pour la surmonter sont insuffisants [12].
- Un trouble psychique est un problème reconnu et répertorié par les experts comme une pathologie (environ 300 répertoriés dans le DSM-IV/DSM-5) [12].
- Les signes d’un trouble peuvent concerner les pensées (idées étranges, difficultés de concentration), les émotions (tristesse, peurs excessives, colère dérangeante, ou absence d’émotions), ou les comportements (repli, agitation, addiction, mise en danger) [13, 14].
Démarche d’Évaluation
L’ouvrage propose quatre étapes pour évaluer la situation [15-18]:
- S’identifier et repérer le problème : Déterminer ce qui inquiète, les problèmes engendrés, et si la situation risque de s’aggraver si l’on ne fait rien [15].
- Différencier le normal du pathologique : Si la souffrance est intense, fréquente, a un impact négatif notable sur la vie, et dure depuis plusieurs semaines ou mois, il est probable qu’il s’agisse d’un trouble psychologique [16, 19-21].
- Demander un avis médical : Écarter une cause physique sous-jacente (ex: hypothyroïdie, problèmes de vue/audition, douleurs chroniques) avant de conclure à un trouble purement psychologique [17, 22, 23].
- Tenir compte du contexte : Regarder si les difficultés sont réactionnelles à un contexte problématique (deuil, harcèlement, burn-out, chômage, maladie physique sévère) [18, 24, 25]. Agir sur le contexte peut suffire à rétablir le bien-être [18].
Types de Troubles Psychiques et Causes
- Les troubles sont classés selon la dimension qui dysfonctionne (émotionnelle, système de récompense, rapport à la réalité, personnalité, développement) [26].
- La majorité des personnes souffrant psychiquement présentent plusieurs troubles dits co-morbides (environ 60% des personnes consultant un « psy ») [27].
- Les troubles les plus fréquents sont les troubles anxieux (peur trop intense) et les troubles dépressifs (tristesse intense et durable, perte de plaisir) [28, 29].
- Les troubles psychotiques (perte de contact avec la réalité, délires, hallucinations, désorganisation) sont particulièrement déroutants (ex: schizophrénie) [30-32].
- Les troubles sont multifactoriels, impliquant des causes génétiques (vulnérabilité), neurophysiologiques et environnementales (modèle vulnérabilité/stress) [33-35].
Évaluation de la Gravité et Urgence
- La gravité est évaluée selon l’intensité de la souffrance, la difficulté à soigner, ou les conséquences négatives durables (handicap) [36, 37].
- Les niveaux vont de « infra-clinique » à « modéré » à « sévère/grave » [38]. Si le trouble est modéré ou grave (touchant plusieurs domaines de vie), consulter un professionnel est une nécessité et doit être rapide [39-41].
Concepts Clés de la Partie II : Agir et Soutenir
Gérer l’Urgence Psychiatrique
L’urgence est rare, mais elle existe lorsque le proche met en danger sa vie ou son intégrité, ou celle d’autrui (risque suicidaire, agression, incapacité à prendre soin de soi) [42].
- Risque Suicidaire : En parler est crucial. Il faut rassurer le proche sur son importance, réduire matériellement le risque (armes, médicaments) et faire appel immédiatement aux services d’urgence (112 ou 15) ou aux services psychiatriques (CMP, urgences hospitalières) [43-47].
- Violences : Elles peuvent être verbales, psychiques ou physiques [48]. L’entourage doit créer un climat défavorable à la violence, éviter les reproches, et adopter une attitude compréhensive [49]. Si la violence persiste, il faut s’aider et éventuellement éloigner le proche [50, 51].
Le Rôle de l’Entourage et le « Fardeau »
L’entourage est la deuxième victime des troubles psychiques [52, 53]. L’impact est appelé le « fardeau » (ou *burden*) [53, 54].
- Le fardeau objectif mesure les tâches concrètes effectuées (soins, coordination, finances) [54, 55].
- Le fardeau subjectif mesure la souffrance psychique (anxiété, culpabilité, dépression, honte, frustration, épuisement) [56-58].
- L’entourage ne doit pas se laisser gagner par la culpabilité, car le plus souvent, il est un soutien essentiel qui contribue à l’amélioration du proche [59, 60].
- Le risque d’épuisement : Il est essentiel pour l’aidant de prendre soin de soi, non par égoïsme, mais pour pouvoir continuer à aider durablement [61]. Cela inclut prendre soin de son corps (manger, dormir, bouger, gérer le stress), de son environnement et de ses relations [62, 63].
Les Attitudes Aidantes
Il est important d’adapter ses attitudes à la réalité irrationnelle des troubles [64].
- Respecter et Valoriser : Différencier le proche des problèmes (attribuer les symptômes à la maladie, pas à la personne) [65, 66].
- Écouter et Soutenir : Être disponible pour l’écoute, sans pour autant prendre la place d’un professionnel [67]. Donner de l’espoir et rester « réaliste positif » [68].
- Ne pas Sursolliciter : Éviter de tester la mémoire ou de chercher à rééduquer, car cela crée des situations d’échec [69].
- Aider, mais pas trop : Fournir l’aide optimale (et non maximale) pour éviter de créer de la dépendance, de renforcer le sentiment d’incapacité chez l’aidé ou de soumettre l’entourage aux diktats des symptômes [70-72].
- Communiquer : Communiquer dans l’entourage pour ne pas s’isoler et pour coordonner l’aide [73]. Prendre soin des autres membres de l’entourage, en particulier les enfants, en leur expliquant la situation [74, 75].