Définition du terme :

Le Concept de « Perte de Goût / Plus Goût à Rien »


Le concept de « perte de goût » ou de « ne plus avoir goût à rien » est principalement décrit comme un symptôme marquant de la dépression et d’autres états de profonde insatisfaction ou d’apathie. Il est exploré à travers ses manifestations, ses causes sous-jacentes et les approches permettant de le surmonter.

Manifestations de la Perte de Goût

  • Une personne souffrant de dépression peut se retirer du monde, n’éprouvant plus de plaisir [previous turn]. Cela se traduit par une perte d’envie de cuisiner, de faire les courses, de lire, ou même de sentir les bonnes odeurs des plats [previous turn].
  • Les aliments et boissons préférés deviennent « fades » et ne procurent plus aucun plaisir gustatif [previous turn]. Ce phénomène s’étend à un sentiment général de « ne plus avoir goût à manger » [previous turn].
  • Plus largement, cette perte de goût englobe un manque de volonté, de motivation, de désir, de tonus et d’intérêt [previous turn]. L’individu peut se sentir « plat », « subir sa vie » et avoir l’impression que « la vie n’est plus quelque chose d’agréable » [previous turn].

Causes et Mécanismes Associés

Cette incapacité à ressentir du plaisir est souvent une manifestation de l’anhédonie, un symptôme courant de la dépression [previous turn]. Plusieurs facteurs peuvent y contribuer :

  • Distorsions cognitives : La pensée dichotomique (« tout ou rien », « noir ou blanc ») peut amener à considérer qu’une chose est nulle si elle n’est pas parfaite, empêchant d’apprécier les plaisirs imparfaits [previous turn]. La surgénéralisation et l’étiquetage renforcent une vision sans nuance, contribuant au désespoir [previous turn]. Ces schémas inadaptés sont abordés dans la thérapie des schémas, une approche qui vise à modifier ces modèles cognitifs profonds et est une expansion des concepts cognitivo-comportementaux habituels [1-3].
  • Paradoxe du choix : Un excès de choix peut paradoxalement mener à moins de satisfaction et plus de regrets, surtout pour ceux qui recherchent l’option parfaite [previous turn].
  • Incapacité à accepter les opposés : La difficulté à concilier des concepts opposés (plaisir/peine) peut entraîner un état de « tépidité constante et de mort psychique » [previous turn].
  • Mode « faire » vs. mode « être » : Le mode « faire » réagit aux expériences désagréables par l’aversion, créant un « ne pas vouloir » généralisé et une insatisfaction constante qui épuise l’individu [previous turn]. L’Acceptance and Commitment Therapy (ACT), pour sa part, vise à développer des compétences telles que « être présent, s’ouvrir, faire ce qui compte », aidant ainsi les patients à devenir leur propre thérapeute et à développer leurs compétences face aux défis de la vie [4].
  • Confusion entre besoin et envie : La non-satisfaction des besoins fondamentaux, par opposition aux envies passagères, peut entraîner un épuisement et amplifier la perte de goût [previous turn].
  • Surcharge informationnelle : L’afflux constant d’informations, notamment sur Internet, peut provoquer une surcharge et un « effet de primauté » (privilégier les premiers résultats de recherche), rendant difficile le tri des informations fiables et contribuant à un sentiment d’accablement qui peut exacerber l’apathie [5-8]. Des informations « trop verbeuses » ou « trop simples » peuvent aussi ne pas être utiles au lecteur [9].
  • Burn-out : Les situations de burn-out peuvent également entraîner une « perte de goût pour tout » [10-13]. Marie Pezé, initiatrice de consultations « Souffrance et travail », a mis en place des ressources pour les personnes souffrant de cet épuisement professionnel [13].
  • Traumatisme psychique : Les troubles psychotraumatiques peuvent être une cause de cette perte de goût pour la vie. Des thérapies comme l’EMDR visent à traiter ces blessures [14-16]. Le « Protocole des lettres » en EMDR est une « méthode douce » pour traiter les traumatismes relationnels en reliant les mémoires accessibles verbalement et situationnellement [15, 17].
  • Causes de la dépression : Au-delà d’une simple chimie cérébrale, la dépression, dont la perte de goût est un symptôme, peut avoir des causes sociales complexes. Il est question de « remettre du sens dans les recherches de psychologie sociale » pour mieux comprendre ces problématiques [18]. Les études de Jonathan Hari soulignent que la dépression peut être liée à « Lost Connections » (connexions perdues), suggérant que retrouver du sens peut être une voie de guérison [18, 19].

Solutions et Pistes pour Retrouver le Goût

Retrouver le goût à la vie implique un ensemble de stratégies thérapeutiques et de changements de perspective :

  • Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC) : Les TCC sont un cadre théorique solide pour aborder la dépression [20, 21]. Elles se basent sur l’idée que l’on ressent les choses de la manière dont on les pense et aident à repérer et corriger les « erreurs dans les pensées » (comme le catastrophisme) [22-24]. Les TCC sont très efficaces pour les problèmes d’adaptation et peuvent être combinées à une thérapie familiale [25]. Un « guide de survie » peut être construit avec le patient pour gérer les rechutes et apprendre à les stopper rapidement [26].
  • Pleine Conscience (Mindfulness) : La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (MBCT) a prouvé son efficacité dans la prévention des rechutes dépressives [20, 21, 27]. Pratiquer la pleine conscience permet de « savourer » les expériences positives, même banales, en y prêtant attention [previous turn]. Cela favorise la culture du bien-être [28].
  • Acceptation et Nuance : Il est essentiel d’apprendre à dire « oui » à la vie, y compris à l’adversité, sans chercher à l’éviter ou la juger [previous turn]. Abandonner la pensée « tout ou rien » pour introduire des « nuances » dans ses jugements conduit à des émotions plus saines [previous turn].
  • Différencier Besoins et Désirs : Apprendre à distinguer les besoins fondamentaux des envies passagères est crucial pour un bien-être durable [previous turn].
  • Organisation des informations : Pour éviter la surcharge et mieux gérer la pensée, des outils comme le mind mapping peuvent aider à affiner la recherche d’informations, à organiser des idées complexes avec des mots-clés plutôt que des phrases, et à structurer la prise de notes [7, 29, 30]. La « pensée visuelle » et les outils comme les infographies ou le videoscribing peuvent simplifier des contenus complexes et favoriser la mémorisation et l’engagement émotionnel, aidant à retrouver l’attrait pour l’information et le monde [31-36].
  • Recherche d’informations fiables : Face à la masse d’informations disponibles, notamment sur Internet, il est crucial de se tourner vers des outils spécifiques et des bases de données scientifiques pour obtenir des résultats fiables et exhaustifs, plutôt que des sites personnels ou commerciaux peu crédibles [37-39].
  • Thérapies des schémas : Cette approche aide à traiter les schémas cognitifs inadaptés qui peuvent sous-tendre la perte de goût [2, 3].

En somme, retrouver le goût à la vie est un processus qui combine des approches thérapeutiques validées scientifiquement, une restructuration cognitive et une réconciliation avec la complexité de l’existence, en acceptant ses nuances et en cultivant des pratiques qui favorisent le bien-être et la reconnexion avec le plaisir.

Bibliographie

  • [20, 21, 40] Mirabel-Sarron, C., & Docteur, A. (2020). Mirabel-Sarron-Docteur_NE79886_BAT (Col. : Workbook).
  • [1] Beck et al. (1990).
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  • [18, 19] Hari, J. (2019). Chaque dépression a un sens. ACTES SUD.
  • [10-12] Vasey, C. (2010, 2015, 2018, 2020). Comment rester vivant au travail, Burn-out : le détecter et le prévenir, Vivant au travail.
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  • [27, 42] Martin-Krumm, C., & Tarquinio, C. (various years). Grand manuel de psychologie positive.
  • [8, 37, 38] Ninot, G. (2019). Guide professionnel des interventions non médicamenteuses.
  • [26] Bouvet, C. (2023). Manuel pratique de thérapies comportementales, cognitives. Dunod.
  • [4, 43] Harris, R. (2021). Passez à l’ACT.
  • [14, 15, 17] Brennstuhl, M.J., Cornil, L., & Dellucci, H. (Eds.). (2021). Pratique de la psychothérapie EMDR (2e éd.). Dunod.
  • [13] Pezé, M. (2014). Prévenir et soigner le burn-out pour les Nuls. First.
  • [22, 23] Willson, R., & Branch, R. (various years). Les Thérapies comportementales et cognitives pour les Nuls.
  • [5-7, 29, 30, 44] Delengaigne, X., & Maitre, C. (2021). La Boîte à outils pour améliorer sa mémoire et sa concentration. Dunod.
  • [25] Bricout, L., & Chaperon, A.-F. (2013). L’affirmation de soi pour les enfants et les adolescents (2e éd.). Dunod.
  • [9, 31-36, 45-54] Lhuillier, B., & Tsiang, C. (2021). La boîte à outils de la pensée visuelle. Dunod.
  • [55] Schweizer, A., del Rio Carral, M., & Santiago-Delefosse, M. (2020). Les méthodes mixtes en psychologie. Dunod.
  • [56, 57] Schauder, S., et al. (various years). Les méthodes qualitatives en psychologie clinique et psychopathologie. Dunod.
  • [2, 3] Young, J.E., Klosko, J.S., & Weishaar, M.E. (2017). La thérapie des schémas : Approche cognitive des troubles de personnalité (2e éd.). De Boeck Supérieur.