La Santé Mentale en Psychologie : Définition, Méthodes de Préservation et Références Clés
La notion de « santé mentale » a fait l’objet de nombreux changements au fil du temps et continue d’évoluer [1]. Longtemps appréhendée uniquement sous le spectre des troubles psychopathologiques [1], elle est aujourd’hui comprise de manière beaucoup plus large, dépassant la simple absence de maladie [2-6].
1. Définition Très Large de la Santé Mentale
La santé mentale peut être définie comme un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux, et contribuer à la vie de sa communauté [4, 7]. Cette définition, notamment promue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), met l’accent sur un état de complet bien-être physique, mental et social, et non seulement une absence de maladie ou d’infirmité [2, 8, 9].
Au-delà de l’absence de troubles mentaux [3], la santé mentale est vue comme un état de bien-être et d’équilibre psychique, même face aux aléas et difficultés rencontrées au cours de la vie [3]. Elle est un concept recouvrant les aspects du bien-être émotionnel, psychologique, social, physique et spirituel [10]. Elle inclut la capacité d’une personne à fonctionner adéquatement ou correctement psychologiquement, ce qui peut être évalué par des variables comme le bien-être subjectif, l’estime de soi ou la récupération émotionnelle d’un événement [6].
Ce changement de perspective est significatif, car il s’éloigne d’une vision strictement médicale qui réduirait la santé mentale à une collection de symptômes ou à une absence de pathologie [3, 11, 12]. Au contraire, il s’agit de considérer la santé mentale comme un modèle de croissance, de développement du potentiel individuel, de performance, et d’intensification du fonctionnement « normal » [13]. La psychologie positive, en particulier, promeut cette approche, en se focalisant sur les forces, les ressources et l’épanouissement des individus et de la société [2, 4, 14].
Il est également souligné que la santé mentale est intrinsèquement liée au contexte social et culturel [15-18]. La définition des troubles mentaux et leur prise en charge sont influencées par les valeurs sociétales [9, 16, 17, 19-21]. L’individu n’est pas appréhendé isolément, mais dans son enracinement social et familial [15].
En somme, la santé mentale est une notion dynamique et multidimensionnelle, englobant non seulement la gestion des troubles, mais aussi la promotion du bien-être, de la résilience et du fonctionnement optimal dans l’environnement de l’individu [4, 10, 22-24].
2. Principales Méthodes pour la Préserver ou la Contenir
Les approches pour préserver ou contenir la santé mentale sont variées, allant des stratégies de promotion du bien-être aux interventions thérapeutiques spécifiques. Elles s’inscrivent souvent dans une démarche intégrative, reconnaissant la complexité bio-psycho-sociale de l’être humain [25-28].
2.1. Promotion et Préservation de la Santé Mentale
- Adoption de stratégies de pleine conscience et de méditation : Ces pratiques sont considérées comme extrêmement importantes pour prendre soin de sa santé mentale, en favorisant l’ancrage dans le moment présent et l’acceptation pacifique des vécus intérieurs [29-32]. La méditation est aujourd’hui l’une des méthodes psychothérapeutiques les plus étudiées au monde [32].
- Activité physique et sommeil réparateur : L’exercice et un sommeil adéquat contribuent de manière significative au bien-être psychophysiologique général [29, 30].
- Nutrition et bien-être mental : Le lien entre nourriture, humeur et anxiété retient de plus en plus l’attention, soulignant l’importance de l’alimentation pour soutenir le traitement et le bien-être mental [29, 30].
- Soutien social et relations interpersonnelles : Entretenir de bonnes relations et bénéficier du soutien des proches est essentiel [5, 27]. La promotion de la santé mentale vise à favoriser le développement des facteurs de protection et de résilience, incluant les compétences psychosociales [33].
- Recherche de sens et spiritualité : L’absence de sens est un problème existentiel majeur [34]. Intégrer la dimension spirituelle et aborder la question du sens de la vie peut favoriser la guérison psychologique et mobiliser des ressources adaptatives nouvelles [34-37].
- Développement des capabilités : L’approche par les capabilités vise à développer les potentialités de fonctionnement des personnes, contribuant à leur autonomisation et à leur rétablissement [31, 38].
2.2. Contenir et Diminuer les Troubles Psychiques
Lorsque la santé mentale est altérée par des troubles, diverses approches thérapeutiques sont mises en œuvre :
- Psychoéducation : Comprendre les mécanismes des troubles et leur fonctionnement est une première étape essentielle pour les gérer [27].
- Psychothérapies : Elles sont des traitements essentiels en psychiatrie et dans le champ de la santé mentale [39]. Le langage, la parole, sous toutes ses formes, en constitue la « molécule décisive » [40]. Leur but est de soulager la douleur psychique et de restaurer le fonctionnement [41, 42].
- Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) : Elles visent à modifier les pensées pathogènes et à adopter de nouvelles approches des situations [43]. Elles sont efficaces pour les troubles anxieux et dépressifs, en se basant sur les lois scientifiques de la psychologie expérimentale [44-46]. La restructuration cognitive est une technique clé pour déconstruire les pensées automatiques négatives [43].
- Thérapies d’inspiration Psychanalytique : Elles aident à travailler la subjectivité inconsciente, à comprendre les mécanismes sous-jacents aux troubles, et à établir de nouvelles relations à la réalité [47, 48]. Elles mettent en jeu l’élaboration, la perlaboration et la prise de conscience (insight) [49]. L’analyse du transfert et du contre-transfert est centrale [50].
- Thérapie des Schémas : Une expansion des concepts cognitivo-comportementaux, elle intègre des éléments de la théorie de l’attachement, de la Gestalt-thérapie, du constructivisme et de la psychanalyse pour traiter les croyances profondes et les styles d’adaptation inadaptés [51, 52].
- Thérapie EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) : Cette approche vise le retraitement des informations stockées de manière dysfonctionnelle, souvent liée à des traumatismes [53, 54]. Elle est considérée comme un modèle riche qui intègre des données de la neurobiologie pour expliquer les troubles dissociatifs et d’origine traumatique [55].
- Hypnose Profonde : Elle permet au sujet de fonctionner au niveau inconscient pour accéder à des ressources et dépasser les croyances limitantes [56, 57].
- Thérapies systémiques : Elles analysent les rôles, interactions et leurs effets réciproques au sein des systèmes (famille, groupe) [47, 48].
- Médiations Thérapeutiques : L’utilisation de médiations non verbales (art-thérapie, etc.) peut être un outil spécifique pour l’expression et la symbolisation, notamment dans les pathologies graves du narcissisme ou de l’identité, où le langage parlé est insuffisant [58-61].
- Gestion des troubles spécifiques :
- Pour le burn-out, la thérapie implique une mise en critique des pensées pathogènes et un travail sur l’affirmation de soi [43].
- Pour la schizophrénie, les TCC sont efficaces pour l’acquisition d’habiletés sociales et une meilleure gestion des émotions chez les patients stabilisés et sous médication [44, 45, 62].
- Pour les troubles psychotiques, le travail psychothérapique cherche à intégrer les manifestations dans un processus de construction de représentations partagées [63].
- Approche holistique et intégrative : Il est nécessaire d’envisager la santé et les troubles sous un angle global (bio-psycho-social) et d’intégrer les acquis des différentes disciplines pour une approche diversifiée et cohérente [26, 28, 64-66].
3. Bibliographie Limitée aux 20 Auteurs les Plus Importants
Voici une sélection de 20 auteurs importants dont les travaux sont pertinents pour la compréhension et la gestion de la santé mentale, basés sur leur mention et leur contribution dans les sources fournies :
- Aaron T. Beck [44, 67, 68]
- Martin E. P. Seligman [4, 14, 33]
- Jeffrey E. Young [51]
- Sigmund Freud [23, 60, 61, 68-86]
- Melanie Klein [69, 73, 78, 84, 87-91]
- René Roussillon [58, 60, 92-95]
- Serban Ionescu [90, 96-99]
- Carl Gustav Jung [100, 101]
- Jean Laplanche & Jean-Bertrand Pontalis [73, 84, 102-104]
- Philippe Pinel [74, 105, 106]
- Henri Ey [64, 76, 107-109]
- Wilfred R. Bion [73, 88, 108, 110-112]
- Donald W. Winnicott [73, 113]
- André Green [69, 73, 89, 114]
- George W. Brown [115]
- Ludwig Binswanger [116, 117]
- Thomas S. Kuhn [102, 118-120]
- Alain Ehrenberg [38, 121-125]
- Francine Shapiro [53, 54]
- Antoine Bioy [56, 126-129]