Définition du terme :

Anxiété


L’anxiété est une émotion complexe et une expérience humaine fondamentale, caractérisée par un sentiment déplaisant d’appréhension, de tension ou de malaise face à une menace future, souvent perçue comme vague et imprévisible. Si elle est une réaction normale et adaptative qui nous prépare à l’action, elle devient pathologique lorsqu’elle est excessive, persistante et qu’elle entrave de manière significative le fonctionnement quotidien.

Il est crucial de la distinguer de la peur, qui est une réponse à un danger immédiat et identifiable, et de l’angoisse, qui, comme l’ont noté Laplanche et Pontalis en se basant sur l’usage freudien, renvoie souvent à un danger interne et indéterminé.

Perspectives sur la Nature de l’Anxiété

Plusieurs penseurs ont exploré les racines profondes de l’anxiété. Pour les existentialistes comme Søren Kierkegaard et Rollo May, l’anxiété est une lutte inhérente à la condition humaine, une confrontation avec le « non-être » et le « vertige de la liberté ». Irvin Yalom la relie aux grandes questions de l’existence, comme la mort et la quête de sens, parlant de « terreur » face à notre mortalité. Les manifestations de l’anxiété sont variées et peuvent inclure agitation, tension, culpabilité, ainsi que de nombreux symptômes physiques (palpitations, troubles digestifs, etc.) qui peuvent aggraver des conditions médicales existantes.

Les Troubles Anxieux Spécifiques

Quand l’anxiété devient un trouble, elle peut prendre plusieurs formes, notamment :

  • Les phobies : Des peurs aiguës et irrationnelles d’objets ou de situations spécifiques. Comme l’expliquent Christine et Pierre-Yves Sarron, ce n’est pas la situation elle-même mais l’interprétation subjective qu’on en fait qui déclenche l’anxiété, via des « schémas psychologiques anxiogènes ».
  • Le trouble panique : Caractérisé par des épisodes aigus d’anxiété intense et inattendue.
  • L’agoraphobie : Décrite dès 1871 par C. Westphal, elle est une appréhension des espaces publics où il pourrait être difficile de s’échapper en cas de malaise.
  • La phobie sociale (Trouble d’Anxiété Sociale) : Une peur intense du jugement et de l’humiliation dans les situations sociales, pouvant entraîner des « trous noirs » mentaux sous l’effet du stress.

Sigmund Freud avait déjà proposé une classification incluant la névrose phobique et la « névrose d’angoisse », caractérisée par une « anxiété flottante » sans objet précis.

Origines et Facteurs Contributifs

L’anxiété est le fruit d’une interaction complexe entre biologie, psychologie et environnement.

  • Facteurs psychologiques : Des « microtraumatismes » durant l’enfance ou une faible estime de soi, comme l’ont exploré Frédéric Fanget et Didier Pleux, peuvent créer un terrain fertile pour l’anxiété et la peur de déplaire.
  • Facteurs environnementaux : Le contexte professionnel, comme le note le psychanalyste Joseph Rouzel, peut augmenter la pression sociale et la peur d’être disqualifié. De plus, des cerveaux « hyper » (Haut Potentiel, hypersensibilité) peuvent être plus facilement saturés, menant à l’anxiété, comme le suggère Cathy Assenheim.
  • Facteurs cognitifs : Notre tendance à la « pensée paresseuse » (Herbert Simon) ou à l' »avarice cognitive » (Fiske et Taylor) peut nous empêcher de remettre en question nos pensées anxiogènes. L’intensité émotionnelle prend alors le pas sur la logique, un phénomène amplifié par la diffusion rapide d’informations anxiogènes, comme l’a observé Richard Dawkins.

Gestion et Perspectives Thérapeutiques

Selon Carl Vernon, l’objectif n’est pas d’éliminer l’anxiété, ce qui est impossible, mais d’apprendre à la contrôler et à l’équilibrer. L’acceptation de soi est une étape clé. La stratégie la plus efficace est l’exposition progressive, qui consiste à se confronter à ce qui génère la peur pour s’y habituer.

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est particulièrement indiquée pour identifier et « mettre à distance les auto-verbalisations anxieuses » et les schémas de pensée qui maintiennent le trouble. La capacité à verbaliser et à donner du sens à ses émotions, comme le soulignait Carl Rogers, est fondamentale dans ce processus. Des travaux pionniers comme ceux de René Spitz et Anna Freud ont également montré l’importance de la résilience et de la capacité de guérison face aux épreuves de la vie.