Distorsions Cognitives
Définition des Distorsions Cognitives
Les distorsions cognitives sont des schémas de pensée systématiques et irrationnels qui nous amènent à percevoir la réalité de manière inexacte, généralement de façon négative. Popularisées par les Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC), notamment les travaux d’Aaron T. Beck et David D. Burns, ces « erreurs de logique » sont souvent automatiques et inconscientes. Elles agissent comme des filtres qui déforment notre interprétation des événements et sont une cause majeure de souffrances psychologiques comme l’anxiété, la dépression ou la faible estime de soi. Apprendre à les identifier est la première étape pour les remettre en question et retrouver une vision plus juste et apaisée de la réalité.
Les 10 Distorsions Cognitives les plus courantes
Bien qu’il en existe de nombreuses variantes, voici les dix formes les plus fréquemment rencontrées en thérapie :
- La Pensée « Tout ou Rien » (ou dichotomique) : Voir les choses en noir et blanc, sans nuances. Si une situation n’est pas parfaite, elle est considérée comme un échec total. Exemple : « Si je n’ai pas la meilleure note à cet examen, je suis un raté. »
- La Surgénéralisation : Tirer une conclusion générale négative à partir d’un seul événement isolé. Un échec ponctuel est perçu comme le début d’une série sans fin. Exemple : « J’ai été rejeté à ce rendez-vous, je finirai ma vie seul. »
- Le Filtre Mental (ou abstraction sélective) : Se focaliser exclusivement sur un détail négatif d’une situation et occulter tous les aspects positifs. Exemple : Recevoir de nombreux compliments sur une présentation mais ne retenir que la seule critique formulée.
- La Disqualification du Positif : Rejeter activement les expériences positives en affirmant qu’elles « ne comptent pas ». C’est un mécanisme qui protège les croyances négatives. Exemple : « J’ai réussi, mais c’était juste un coup de chance. »
- Les Conclusions Hâtives : Arriver à une conclusion négative sans avoir de preuves réelles pour la soutenir. Cela prend deux formes principales :
- La Lecture de Pensée : Croire savoir ce que les autres pensent de nous sans vérification. Exemple : « Mon ami n’a pas répondu à mon message, il doit être en colère contre moi. »
- L’Erreur de Prédiction (ou catastrophisme) : Anticiper systématiquement que les événements futurs tourneront mal. Exemple : « Je suis sûr que je vais rater mon entretien d’embauche. »
- La Maximisation et la Minimisation : Exagérer l’importance de ses propres erreurs ou des succès des autres (maximisation), tout en sous-estimant ses propres réussites ou les défauts d’autrui (minimisation).
- Le Raisonnement Émotionnel : Partir du principe que ses émotions reflètent nécessairement la réalité objective. Exemple : « Je me sens coupable, donc j’ai forcément fait quelque chose de mal. »
- Les « Je dois » et « Il faut que… » (La tyrannie des obligations) : Se fixer des règles internes rigides et exigeantes sur la manière dont on ou les autres devraient se comporter. La violation de ces règles engendre culpabilité et colère.
- L’Étiquetage : Au lieu de décrire une erreur, on applique une étiquette globale et négative à soi-même ou aux autres. Exemple : Au lieu de dire « J’ai fait une erreur », dire « Je suis un incapable ».
- La Personnalisation : S’attribuer la responsabilité d’événements extérieurs négatifs dont on n’est pas la cause principale. Exemple : « Mes amis ont passé une mauvaise soirée, c’est sûrement parce que je n’étais pas assez intéressant. »
Comment Gérer les Distorsions Cognitives ?
Les TCC proposent des outils concrets pour travailler sur ces schémas de pensée. La démarche générale consiste à :
- Identifier la pensée automatique et la distorsion cognitive associée (grâce aux colonnes de Beck par exemple).
- Prendre de la distance (Défusion cognitive) : Comprendre que ses pensées ne sont que des « événements mentaux » et non des vérités absolues.
- Remettre en question la pensée : Examiner les preuves « pour et contre » cette pensée, et chercher des interprétations alternatives plus nuancées.
- Formuler une pensée alternative : Remplacer la pensée déformée par une réponse plus rationnelle et constructive.