Définition du terme :

Schéma Cognitif


Définition du « Schéma Cognitif »

Le terme « schéma cognitif » fait référence à des structures mentales organisatrices de l’expérience et des connaissances, influençant la perception, la pensée et l’action [1-6].

Nature et caractéristiques :

  • Les schémas sont des structures mnésiques cognitivo-affectives qui se construisent tout au long de l’existence. Ils sont des représentations émotionnelles qui guident la perception et l’action [1].
  • Ils sont décrits comme des structures mentales inconscientes et des processus qui sous-tendent les aspects globaux des connaissances et des compétences humaines [2].
  • Fonctionnant comme des « anticipations par le biais desquelles le passé affecte le futur », ils peuvent générer de nouvelles constructions mentales, parfois provoquant des distorsions systématiques [2].
  • Ils se développent au cours des expériences et sont organisés hiérarchiquement et reliés de façon interactive et complexe [2].
  • Les différences individuelles, situationnelles et culturelles peuvent être expliquées par les schémas [2].
  • Dans une perspective psychothérapeutique, une cognition (qui peut être un schéma) est une croyance sur soi-même qui organise la perception, la pensée et la planification des actions [3].
  • Leur inscription dans les structures profondes de la mémoire rend difficile leur accès et demande un travail spécifique pour y parvenir [7].

Origines et conceptualisations :

  • Le concept de schéma trouve son origine en philosophie, avec Emmanuel Kant qui, dans sa Critique de la raison pure (1864), a introduit la notion de « schemata » pour désigner des catégories mentales « a priori » que l’individu impose aux objets du monde extérieur [2, 8].
  • En psychologie, le terme a pris un sens spécifique pour désigner des structures mentales inconscientes [2].
  • Piaget (1926) définit la représentation comme l’évocation d’objets en leur absence ou la construction interne de ce qui est perçu. Son travail met en évidence que l’enfant développe des structures mnésiques spécifiques liées à certaines réponses motrices, appelées schémas émotionnels, qui associent stimuli et images mentales et deviennent plus élaborées avec l’âge [1, 9].
  • La psychologie cognitive considère la représentation de l’expérience sous forme de schémas comme la construction mentale centrale de la personnalité humaine [4].

Types et fonctions des schémas :

  • Schémas précoces inadaptés : Jeffrey Young, Klosko et Weishaar (2003) les décrivent comme des croyances profondes (« schémas de base ») sur soi-même, les autres et le monde, développées pendant l’enfance et l’adolescence, souvent liées à des besoins fondamentaux insatisfaits [5, 10, 11]. Ces schémas sont essentiels au sentiment d’identité et sont inconsciemment validés pour maintenir la continuité et la cohérence [10]. Ils sont composés de souvenirs, d’émotions, de sensations corporelles, de pensées et de croyances [11].
  • Schémas de soi (Self-schemas) : Ils sont des unités organisées d’informations sur nous-mêmes, parfois appelées « concepts de soi » [4]. Ce sont des réseaux conceptuels intégrés qui comprennent notre opinion sur nous-mêmes et celle des autres. Ils fournissent des informations détaillées et sont mis à jour automatiquement par l’expérience ou révisés par un effort conscient [4]. Selon Markus (1977), ces schémas agissent comme des filtres pour interpréter les situations, orienter les intentions et organiser le comportement [6]. Le soi est également vu comme un réseau associatif où les caractéristiques sont des nœuds connectés en mémoire [12].
  • Schémas sociaux : Ce sont des représentations de catégories de personnes, d’environnements, de comportements sociaux et d’attentes stéréotypées, parfois appelées « scénarios » [13].
  • Les schémas fournissent une base pour le concept de soi, les comportements sociaux et la résolution de problèmes [2].
  • Les schémas cognitifs permettent d’expliciter les représentations mentales et la structure des stratégies cognitives [14].

Rôle dans les thérapies :

  • La thérapie des schémas vise la « réparation » de ces schémas précoces inadaptés, utilisant des techniques comportementales, cognitives et émotionnelles [11].
  • Dans le contexte de l’EMDR, les « réseaux de mémoire inadaptés » (maladaptive memory networks) peuvent être considérés comme une forme de schémas dysfonctionnellement stockés, formés précocement suite à des événements traumatiques [15]. Ces réseaux peuvent donner naissance à des perceptions, attitudes et réponses de *coping* pathologiques, et s’élargir avec de nouvelles expériences négatives [15]. L’EMDR vise à traiter ces informations stockées de manière dysfonctionnelle (ISD) [15].
  • Les « distorsions ou erreurs cognitives » sont considérées comme des lunettes qui déforment la réalité en la teintant de noir ou de négatif, et elles reflètent les croyances profondes, c’est-à-dire les schémas [10, 16].
  • Un schéma n’indique pas la forme, mais les relations et le fonctionnement entre plusieurs éléments [5]. Schématiser permet de dépasser les apparences pour en comprendre les principes sous-jacents [17].