Définition du terme :

Le Perfectionnisme en Psychologie : Définition et Stratégies


Définition du Perfectionnisme

Le perfectionnisme, dans une perspective psychologique large, est un construit multidimensionnel qui se caractérise par la tendance à viser des normes extrêmement élevées, souvent internalisées, et par une auto-évaluation constante et sévère de sa propre performance [1-3]. Les personnes perfectionnistes ont la conviction qu’elles devraient toujours faire mieux pour être appréciées, ce qui peut générer une tension permanente [4].

Ce concept ne se limite pas à la simple recherche de l’excellence ou d’une exigence élevée, mais implique souvent une dureté envers soi-même et les autres en cas d’échec ou d’imperfection, ainsi qu’une rigidité des idéaux sous-jacents [2]. Il peut être sous-tendu par une crainte profonde de l’imperfection et la croyance que l’on n’est pas aimé tel que l’on est, pouvant conduire à un sentiment d’imposture [2]. Brené Brown le définit comme un système de croyances autodestructeur et addictif alimentant l’idée que si son apparence, sa vie et ses actions sont parfaites, on peut éviter les sentiments douloureux de honte, de jugement et de reproches [5].

Le perfectionnisme peut entraîner un épuisement, notamment lorsqu’il s’agit d’une quête inaccessible de perfection, de performance ou d’un perpétuel examen de conscience, où l’individu se confond avec un « moi idéal » créé [6]. Ce phénomène peut être lié à des schémas cognitifs de « carence affective » (où le patient déprimé peut se sentir haï) ou à des schémas concernant l’autonomie et le perfectionnisme dans le cas des troubles bipolaires [7].

Méthodes pour s’en défaire

Se défaire du perfectionnisme implique de modifier les croyances et comportements sous-jacents, en se concentrant sur le bien-être plutôt que sur la seule performance ou perfection. Voici des stratégies issues des approches psychologiques :

  • Fixer des limites plus réalistes : Il est crucial d’apprendre à abaisser son niveau d’exigence envers soi-même et d’oser se donner le droit à l’erreur et à l’imperfection [4]. Les thérapeutes peuvent aider les patients à se fixer des limites plus réalistes en matière de performance [8].
  • Développer l’indulgence envers soi-même et les autres : Apprendre à être plus indulgent vis-à-vis des défauts humains est un objectif clé, notamment en thérapie des schémas [8].
  • Travailler sur les pensées pathogènes : La thérapie peut aider à remettre en question les pensées auto-critiques et à adopter une nouvelle approche des situations [9].
  • Cultiver le bien-être et la satisfaction : Accorder du temps aux pauses, savourer les réussites et les célébrer avec les proches peut aider à trouver d’autres sources de satisfaction que la simple recherche de la performance [10]. La psychologie positive, par exemple, vise à comprendre ce qui mène au fonctionnement optimal en se centrant sur les forces et les ressources [11-14]. Elle soutient que le bien-être est une condition essentielle au succès, et non l’inverse, favorisant un cercle vertueux d’énergie, de créativité et de relations harmonieuses [15].
  • Renforcer l’affirmation de soi : Pour les personnes perfectionnistes qui peuvent avoir du mal à communiquer leurs sentiments ou à refuser des demandes, un travail sur l’affirmation de soi peut être bénéfique [9, 16].
  • Identifier et remettre en question la « voix perfectionniste » : En thérapie des schémas, le thérapeute aide à identifier cette voix interne comme celle d’un « Parent Exigeant » qui n’est jamais satisfait [8].
  • Favoriser le lâcher-prise : Reconnaître l’importance de relâcher la pression et de s’autoriser à être « non productif » pour quelques jours peut aider à contrer l’épuisement lié à l’hyper-compétitivité [6].
  • Se centrer sur l’épanouissement et les ressources : La psychologie positive promeut une approche centrée sur les solutions, le développement des forces et des compétences, la recherche du plaisir et du bien-être, et la capacité à vivre pleinement [13, 14].

Bibliographie

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